Quatre femmes et le soleil


texte Jordi Pere Cerdà
mise en scène Neus Vila Pons
jeu Anne Gerschel, Nathalie Lacroix, Aurélie Rolin
et Anne-Juliette Vassort

scénographie Cédric Chayrouse
musique Julien Gauthier
lumière Sylvain Sechet
costumes Julie Bourgeois et Emilie Cauwet



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Quatre femmes
et le soleil

JORDI PERE CERDÀ

La pièce a obtenu la DMDTS (Aide à la création des œuvres dramatiques du Ministère de la Culture et de la Communication).

À la Rita Conya, mon arrière arrière grande-mère.

Nous naissons parfumés du territoire qui nous voit apparaître… pour moi les Pyrénées… la froideur du dehors et du dedans, la chaleur du dedans et le silence. Appartenir à une terre et s’y reconnaître… Envie de rendre hommage aux regards sombres, aux paroles jamais entendues… Les histoires de nos ancêtres apprises au coin du feu, le soir de Noël…

C’est une lutte, une bagarre intérieure qui petit à petit devient une révolution. On se surprend toujours de l’arrivée de ce moi intérieur. On l’écoute en silence, on le rêve ou on l’oublie. Parfois on l’étouffe, la peur peut-être; et on passe des années à le nier.

« Faire place au texte, parce qu’il est là, bâti comme un monstre sacré », tel est l’esprit de la compagnie du Sarment servi par la metteur en scène Neus Vila. Ô combien : il semble ici sculpté à mesure, par les coups de pics impitoyablement cadencés de la langue de Cerdà. Les mots démangent l’atmosphère. Une femme ravale sa sensation, son brûlant souvenir, sa faim d’avenir.

Une autre remet en cause cette norme du silence, cette morale. Neus Vila fait taire les corps, quand bien même les phrases outrepassent la mesure, enragent. Ils sont souvent immobiles face à nous, parfois l’un derrière un autre, toujours à distance décente. Nul tressaillement involontaire ici, et cette retenue du geste n’a rien d’appliquée : signe, plutôt, d’une inculcation ancienne, d’une lassitude aussi au sein d’un espace étroit, trop arpenté. Le quatuor à cordes dû à Julien Gauthier fait affleurer les lancinances de la frustration. Mais déjà des visages en disaient long.

Aude Brédy (L’Humanité, janvier 2007)

« Non, rien n’a été perdu à la traduction, de la beauté, de la force, du lyrisme de ce texte qui n’émeut pas mais bouleverse, qui est comme un coup de poinçon au coeur, qui happe, étreint, et même glace. Il n’y a que le texte et les comédiennes, leurs présences et leurs voix. Le choix de la mise en scène est celui du dépouillement, un espace quasi vide délimité au ruban adhésif, symbole de l’enfermement, pour ce huis clos à quatre voix « un quatuor pour voix de femmes ».

Nicole Gaspon (Le travailleur Catalan, décembre 2005)





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